L’ancien premier ministre Michel Rocard reçoit dans son bureau enfumé, au 6e étage d’un immeuble haussmannien, non loin de l’Arc de Triomphe à Paris. « Je suis déclaré guéri du cancer depuis un mois. Epargnez-moi vos commisérations, mais j’ai trois mois de retard dans mon travail, donc je bosse », lâche d’emblée l’ancien premier ministre âgé de 85 ans, qui revient aussi d’une croisière dans l’Arctique.
Une fois, deux fois. Le moteur tousse et démarre. La draisine (petite locomotive) s’ébroue et c’est bien le seul mouvement perceptible dans ce paysage ferroviaire désolé. Des wagons fatigués, des rails désaffectés, des pièces rouillées jonchent ce terrain vague au centre de Cotonou, au Bénin. Comment deviner qu’ici, à l’époque coloniale et jusqu’aux années 1990, se pressaient voyageurs et marchandises ? Qu’un chef de gare à la casquette et tenue impeccables sifflait le départ d’une demi-douzaine de convois par jour ?